Les enfants du courage

Les enfants du courage

Dernièrement, en plein centre commercial, je croisais une maman avec son jeune fils d’environ 7 à 8 ans confiné dans un fauteuil roulant. Je le suivais des yeux et je voyais sur ce visage d’enfant un sourire comme je n’ai jamais vu. Il rayonnait de joie et poussait son fauteuil sans être dérangé par tous les autres petits qui couraient pour arriver à l’estrade ou il y avait un magicien. Je le regardais durant la performance du monsieur et j’ai constaté son bonheur d’être là. Tout entier, avec le courage et la sérénité propres aux enfants de son âge.
Sa mère le regardait et partageait sa joie de vivre. Oh ! Chère petite maman, comme j’ai senti à quel point vous étiez fière de lui faire plaisir. À chaque semaine, on retrouve dans les journaux et à la télévision des enfants dont l’handicap parfois nous fait prendre sérieusement conscience que le (courage) n’est pas toujours l’apanage des grands. Une petite fille de 12 ans aux prises avec une maladie rénale, un petit garçon atteint de paralysie cérébrale, une autre en train de se battre contre le terrible fléau de la leucémie et j’en ai le cœur à l’envers.
Pourtant, je ne devrais pas, puisque ces petits me servent une forte leçon, en riant et jouant, comme si de rien n’était, comme si le soleil allait se lever pour eux de la même façon que pour les autres. Bien sur que le soleil sera aussi généreux pour leur petit cœur, mais les parents pour qui la maladie d’un enfant se veut la plus cruelle des épreuves savent qu’il n’est pas toujours facile de rire avec eux, de jouer avec eux. Il y a certes des moments ou bien des mamans se retirent pour pleurer loin du regard de leur enfant Parfois, les pères sont les plus atteints parce qu’en plus d’éprouver du chagrin ils se culpabilisent et se disent avec la notoriété du mâle : C’est quand même moi qui l’ai fait cet enfant-là ! Heureusement, que les enfants ont dix fois le courage de leurs parents, sinon ce serait catastrophique comme situation. Ils sont les moteurs qui remontent le moral des parents. Ce sont eux finalement qui, handicapés, nous font comprendre que l’on n’a pas à s’en faire avec eux. Une maman me disait un jour, mon fils a été amputé d’une jambe à l’âge de 11 ans et c’est lui qui m’a aidé à surmonter l’épreuve. Il est évident qu’avec toute la bonne volonté du monde, quand une chose semblable se produit, ce sont les parents qui s’effondrent. C’est certain que ce sont eux qui auront à l’aider à réapprendre à marcher, à passer des nuits blanches seulement pour accepter et éviter de se révolter contre le bon Dieu. C’est certain que la douleur est plus intense pour les parents que pour les petits qui, parfois insouciants, acceptent le fait plus rapidement.
C’est pourquoi je les appelle (les enfants du courage) car en plus d’avoir le leur, ils ont aussi pour ceux qui leur ont donné la vie. Souvent impuissants, cloués dans un fauteuil, ils regardent les amis de la famille sympathiser avec leurs parents. Ils deviennent à ce moment plus forts que tout au monde et dès que le drame s’estompe, ils murmurent en prenant tendrement leur mère par le cou ; t’en fais pas, maman, ce n’est pas si grave que ça ! Si les enfants sont des anges, ceux-là sont des archanges, car sans ces enfants du courage, plus d’un adulte aurait sombré dans une profonde dépression. Chers petits que j’adore et que je vois aux prises avec toutes ces maladies, sachez que j’aimerais bien moi aussi être magicien pour vous redonner ce que vous n’avez plus. Par contre, pas besoin de baguette magique pour m’incliner devant votre Courage, et croyez-moi….je sais ce dont je parle…